Réflexions

Quand l’horloge ne sonne pas

mai 25, 2020
Mon horloge n’a pas sonné. Certains diront qu’elle est brisée. Je ne dis pas qu’elle ne sonnera jamais, car je pense que nos envies peuvent changer avec les années. Je peux par contre affirmer que, pour le moment, je ne ressens pas ce désir d’être maman, et c’est possible que ça demeure ainsi.

On prend souvent pour acquis que les femmes veulent devenir mères, qu’elles ont ça « en elles ». C’est d’ailleurs un peu contrariant. Vous savez ce qu’on nous répond quand, en tant que femme, on dit qu’on ne veut pas d’enfant?    

«Attends, ça va venir».  

Suzanne, 58 ans

OK Suzanne, et si ça ne vient pas? Est-ce que ça fera de moi une femme un peu moins femme?  

C’est comme si c’était inévitable qu’on veuille, à un certain moment, porter la vie… Ce n’est pas criminel d’avoir envie d’autre chose. Mon utérus et moi, on n’a pas volé une banque, on dit juste que ça ne nous dérangerait pas d’être la matante gâteau un peu tipsy dans les soirées de Noël.

Ça ne regarde que nous.  

J’ai l’impression qu’en annonçant qu’on ne veut pas d’enfant, on insulte certaines femmes qui ont décidé d’en avoir. Ce n’est pas parce que je n’ai pas, comme toi, l’envie de faire grandir un petit humain dans ma bedaine de nachos que je ne comprends pas ton désir de le faire.  

Nos utérus prennent simplement des chemins différents. Respectons leur choix.  

Comprenez-moi bien : des femmes extraordinaires autour de moi deviennent mamans et je trouve ça pur, je trouve ça beau. Je les trouve magnifiques dans leur rôle de mère. J’aime voir grandir leur version miniature à travers leurs yeux émerveillés, voir leur cœur de maman s’inquiéter du bonheur de leur petit être, les voir exploser de joie à chaque rire. J’ai beaucoup de respect pour elles, sincèrement.  

J’adore les bébés (des autres) : je mangerais tout rond les grosses joues de mon neveu et je fonds chaque fois que la petite de ma meilleure amie s’accroche à mon pouce avec ses doigts minuscules. C’est juste que moi, j’aime pouvoir les redonner quand c’est l’heure de changer la couche et j’ai un gros faible pour les nuits complètes.  

Je pense que pour devenir parent, pour donner tout l’amour nécessaire à ce petit bout de vie, il faut le vouloir, vraiment. Une fois que cet enfant fait partie de ta vie, tu ne peux pas le retourner au magasin : ça ne vient pas avec une étiquette de retour prépayée, ces affaires-là. C’est du sérieux et c’est pour la vie.  

Mettons donc les choses au clair : les femmes n’ont pas ce devoir d’être maman. Pour certaines, l’horloge sonnera tôt, pour d’autres, plus tard, et pour d’autres encore, elle ne sonnera jamais. Le choix nous appartient, à chacune d’entre nous… 

Même si ton voisin, ta tante, la caissière de l’épicerie ou le facteur se pensent responsables de la gestion de ton utérus.

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